-Nous avons pris la décision - notre objectif est et reste l'UE, a déclaré le Président serbe Aleksandar Vučić dans une interview accordée au quotidien allemand «Handelsblatt» et qu'il n'y a aucune autre alternative pour la Serbie, mais il a également souligné que la Chine est un partenaire important pour la Serbie, et la tâche de l'État est de veiller à l'intérêt de ses citoyens.
Il a ainsi répondu à la question ce que la Serbie choisira lorsqu’elle devra choisir entre les relations étroites avec Pékin ou l'UE. Vučić a souligné que la Serbie veut devenir membre à part entière de l'UE.
-Nous sommes liés par l'histoire, la culture commune, les membres de l'UE sont déjà nos partenaires les plus importants, a-t-il expliqué ajoutant que les échanges commerciaux entre l'Allemagne et la Chine sont 3 000 fois plus élevés qu'entre la Serbie et la Chine, mais, note-t-il, ce sont toutefois les affaires de la Serbie avec la Chine qui posent problème.
Sur constatation que la chancelière allemande Angela Merkel n'a pas félicité le 100e anniversaire du Parti communiste chinois, et que lui il l'a fait, il a répondu que la Serbie n'est pas l'Allemagne, mais un petit pays. Sur la question insistante concernant ce que la Serbie fera si elle doit choisir entre l'UE et la Chine, il a souligné que la Serbie a déjà décidé, que son objectif était et reste l’adhésion à l'UE.
-Nos plus gros investisseurs viennent de l'UE. L'UE représente 67 % de notre commerce. Plus 17% avec les pays de la région qui sont tous sur la voie de l'UE. Nous ne pouvons pas subsister sans l'UE, a-t-il ajouté.
-Mais nous pouvons effectuer beaucoup de bonnes choses avec la Chine - certes. Et nous le faisons, tout comme l'Allemagne, a souligné Vučić, et à la remarque que la qualité des projets de la route de la soie a été critiquée, principalement en raison des travailleurs chinois, il a répondu que la qualité des routes ou des ponts que la Serbie construit avec la Chine est excellente.
-Nous donnons les marchés à ceux qui nous soumettent la meilleure offre. C'est pourquoi je dis aux Européens critiquant les projets chinois dans notre pays - proposez-nous un projet pour un euro de plus et vous l'aurez, a-t-il souligné.
À ce propos, il a indiqué que la Serbie construisait un chemin de fer vers la Macédoine du Nord avec 600 millions d'euros d'aide de l'UE, citant que l'offre était meilleure que celle de la Chine.
-On parle souvent d'un chemin de fer de 180 kilomètres vers Budapest à travers le territoire de la Serbie, financé par la Chine. Mais le chemin de fer qui est construit avec l'aide de l'UE depuis Belgrade à la frontière de la Macédoine du Nord est deux fois plus long et personne n'en parle. Tout est trop politisé, a-t-il constaté.
Demandé s'il saluait les projets de l'UE et des États-Unis sur une initiative alternative à la route de la soie, Vučić a dit soutenir tout ce qui apporte les avantages à notre région.
-Les Chinois veulent étendre leur présence partout, mais nombre de processus en Occident, franchement, sont plus efficaces et sans problèmes. Nous avons encore beaucoup à apprendre de l'Occident, mais on va y arriver, a dit Vučić.
Il a relevé que la Chine est un partenaire important pour la Serbie, ajoutant que lorsque la consolidation des finances publiques a commencé en 2014, notre pays a reçu de la Chine de bonnes conditions pour les projets de développement.
Il a également précisé qu'un appel d’offre avait été annoncé à la demande de l'UE, pour une mine de cuivre dans l'est de la Serbie, qu'aucune entreprise européenne n'avait fait d'offre pendant six mois, et qu'elle avait été reprise par les Chinois.
-Notre travail est de prendre soin des gens, a-t-il déclaré.
Il a rappelé que l'économie serbe a augmenté de 52% en huit ans et demi, ce qui signifie pour l'UE que la Serbie pourrait être un membre fort et un moteur pour toute la région.
Expliquant comment la Serbie se développe si bien sur le plan économique, il a relevé que la Serbie dispose d'une excellente main-d'œuvre, anglophone, que la société et l'administration sont numérisées, et qu'elle a la loi sur le travail le plus flexible d'Europe, ainsi que des finances publiques consolidées.
Il a rappelé qu'avant la dette publique s'élevait à 78% du PIB, et aujourd'hui elle a été réduite, grâce à la forte croissance de l'économie, à 52%.
-Nous pouvons nous permettre d'inciter les investisseurs à venir, a-t-il ajouté, soulignant que la Serbie offre une aide à l'investissement, mais que, par exemple, les subventions n'étaient pas le motif de l'arrivée du Continental Development Center.
Il a relevé que seule la Serbie dans cette région a lancé le système d'enseignement en alternance dans cette région il y a cinq ou six ans, celui de l'Allemagne, de la Suisse et de l'Autriche, que des dizaines de milliers de personnes suivent la formation duale, et que ceci est apprécié par les investisseurs étrangers, qui en plus peuvent également coopérer étroitement avec les universités.
L'Allemagne, a-t-il cité, est le partenaire commercial le plus important et le plus grand investisseur.
-Nous avons débuté avec l'arrivée de petites entreprises textiles de Turquie, et maintenant ce sont notamment les grandes entreprises allemandes qui arrivent. A l’heure actuelle, 71.000 personnes travaillent dans les entreprises allemandes en Serbie, a-t-il expliqué.
Vučić a dit que la perspective européenne est très importante pour les investisseurs, déclarant que Nikkeik, Toji Tire ou Mitsubishi viennent du Japon en Serbie parce que notre pays est sur une voie européenne stable.
Demandé s'il pensait que la Serbie deviendrait membre de l'UE dans un avenir proche, il a répondu ne pas avoir à se plaindre.
-Il est certain que si nous avions reçu 45 milliards d'euros d'aide de l'UE nous serions beaucoup plus loin économiquement. A la place, nous avons reçu 1,6 milliard d'euros de l'UE. Nous sommes habitués à voir nos succès venir de nous-mêmes, a dit Vučić.
Le Président de Serbie a rappelé qu'en Croatie les salaires avant étaient 2,2 fois plus élevés qu'en Serbie, et aujourd'hui ils ne sont que 1,7 fois plus élevés.
-Nous fermons le trou de nos propres forces. Si nous devenions membre de l'UE, nous ne demanderons certainement pas les plus grosses subventions, assure-t-il. Il a dit que la voie serbe suit la voie allemande vers l'Europe et que la Serbie veut une chance équitable.
-Je crois les paroles de Merkel. Elle est en fin de mandat et je ne suis plus sensé la louer. Mais elle nous a donné la stabilité, la liberté de voyager à l'UE, aidé dans la crise des migrants en 2015, et a demandé au ministre de l'Économie Altmaier et aux autres de travailler en étroite collaboration avec nous, a-t-il rappelé.
Demandé s'il y avait des indications que le nouveau gouvernement allemand soutiendrait la Serbie de la même manière, Vučić a exprimé sa conviction que ce sera le cas.
-Je connais Armin Laschet, je lui ai parlé lorsqu’il était Premier ministre de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Il est très intelligent et comprend la situation dans les Balkans, et en qualité du nouveau chancelier il continuera certainement la politique de Merkel envers notre région, a-t-il ajouté.
Vučić a également exprimé sa conviction que la Russie, si l'adhésion de la Serbie à l'UE se concrétisait, ne réagirait pas de la même manière que dans le cas de l'Ukraine, et qu'il s'agit là d'une décision souveraine de la Serbie.
À une question supplémentaire à ce propos, Vučić a indiqué que chaque fois qu'il rencontrait Vladimir Poutine, et qu'il y a eu 18 ou 19 entretiens, il disait être reconnaissant pour l'amitié traditionnellement étroite avec la Russie, mais aussi que la Serbie se trouve sur le cours claire de l’UE.
-Il a demandé si c'était notre choix et j'ai répondu «oui, l'adhésion à l'UE est notre objectif'», a-t-il relaté.
Pour ce qui est du «Kosovo», Vučić a souligné qu'un compromis est nécessaire concernant cette question.
-C’est la seule façon d’avoir une paix durable. La Serbie et moi-même, nous voulons la paix. Arrêtons les folies du passé. C’est alors que toute la région peut devenir motrice d'une nouvelle croissance pour l'Europe, a déclaré Vučić.
Source : Tanjug